Les très attendues élections américaines de mi-mandat, qui se sont tenues le 8 novembre 2022, n’ont finalement pas eu beaucoup d’impact sur les marchés financiers. Largement anticipée par les pronostics, la « vague républicaine » n’a finale-ment pas vraiment eu lieu. Bien que le parti républicain ait pris le contrôle de la chambre des représentants, cela ne s’est fait qu’à une courte majorité. De plus, le Congrès restera aux mains des démocrates. Ces éléments constituent une demi-surprise et ne devraient pas énormément changer la politique américaine d’ici les prochaines élections présidentielles de 2024. En effet, au vu de la courte majorité républicaine à la chambre des représentants, le parti présidentiel devrait à priori pouvoir trouver des compromis sur les sujets importants.
C’est la Réserve fédérale américaine (FED) et son président Jérôme Powell qui ont été, une nouvelle fois, la principale in-fluence sur les marchés financiers sur ce mois de novembre. Les marchés actions ont évolué en dents de scie pour finale-ment terminer le mois en légère hausse. C’est ainsi que les actions internationales sont montées de 1,79% (MSCI World All Countries, en CHF, source Refinitiv). Les traditionnelles va-leurs refuges terminent une nouvelle fois le mois en ordre dispersé, avec une baisse de 0,47% pour les obligations internationales (FTSE World Government Bond Index, en CHF, source Bloomberg) et une hausse de 1,02% pour l’or (LBMA Gold Price, en CHF, source Investing.com).
Le mois avait pourtant assez mal commencé. Suite à la réunion de la FED du 1er et du 2 novembre 2022, les marchés actions avaient fortement dévissé. Si la hausse du taux directeur de 75 points de base, le portant à 3,75%, n’a pas surpris, c’est le discours qui a suivi qui a amené un vent de « panique ». Durant la conférence de presse clôturant ces deux jours de réunion du comité de la Réserve fédérale, Jérôme Powell s’est montré très ferme quant à la poursuite du resserrement monétaire en cours.
Cela fait des mois que le marché attend et espère le fameux pivot de la FED, c’est-à-dire l’annonce d’un arrêt progressif, voire total, de la hausse des taux en cours depuis le début de l’année 2022. Mais jusqu’à présent, la FED n’a donné aucun signe clair d’un tel pivot.
Cependant, les marchés n’ont pas perdu espoir et c’est en toute fin du mois de novembre que Jérôme Powell a donné de légers signes que la fin du cycle de hausse serait proche. En effet, à l’occasion d’un discours qu’il a prononcé au Brookings Institute, à Washington, le 30 novembre 2022, le président de la FED a laissé entendre que le rythme des hausses de taux à venir sera probablement réduit. Ceci a été positivement interprété par les marchés, qui ont fini cette dernière journée du mois en importante hausse, même si le reste du discours de Powell contredisait en partie la vision d’une fin proche du resserrement monétaire en cours. Autre élément important à relever sur ce mois de novembre, découlant également en grande partie de la FED, est la forte chute du dollar index (indice mesurant le niveau du dollar contre un panier de devises). Le dollar index a ainsi chuté de 5% après plusieurs mois de hausses alimentés notamment par le resserrement monétaire de la FED. Voilà qui devrait redonner des couleurs aux gestions appliquant une stratégie de couverture des changes face au dollar !
Bien qu’étant encore à des niveaux élevés, l’inflation semble commencer à légèrement se tasser un peu partout, en partie aidé par la correction des matières premières, en baisse de 11,81% (Rogers International Commodity Index, en CHF, source Bloomberg) depuis les plus hauts de l’année atteints en mai. C’est l’Europe qui a désormais le taux d’inflation le plus élevé des marchés développés, avec un taux sur 12 mois de 10% en novembre, après un plus haut de 10,7% en octobre. Il reste donc encore beaucoup de chemin à par-courir pour arriver au taux de 2% visé par la Banque centrale européenne (BCE). Et il va être difficile d’éviter une récession pour y arriver.