En l’espace de quelques semaines, les événements au niveau mondial se sont précipités à une vitesse jamais vue.
Le Coronavirus semble à présent être quasiment partout et les décisions prises pour lutter contre sont sans précédent.
Après un mois de février très difficile sur les marchés actions, début mars, la Réserve fédérale américaine (FED) a décidé de prendre les choses en main en faisant une baisse surprise de 50 points de base (pb) de son taux directeur, sans attendre sa réunion officielle du 18 mars 2020.
L’ampleur de la baisse ayant semblé être insuffisante, une deuxième baisse de 100 pb a été faite le 15 mars, ramenant le taux directeur de la FED à son minimum historique de 25 pb (fourchette de 0% à 0,25%). Dans la foulée, le président de l’institut monétaire, Jérôme Powell, a annoncé l’annulation de la réunion prévue les 17 et 18 mars.
Les baisses successives des taux n’ayant clairement pas suffi à stabiliser la volatilité sur les marchés, la FED a ensuite annoncé un programme d’urgence de rachats d’actifs pour USD 700 milliards. Ce montant ayant rapidement été injecté, la FED a ensuite annoncé qu’elle procédera à un programme de rachats d’actifs, sans se donner de limite de montant, à un rythme initial d’USD 625 milliards par semaine, soit plus que la totalité de son premier programme réalisé en 2009 suite à la crise financière. En dehors de la taille sans précédent de ce nouveau programme de rachat d’actifs de la FED, la grande nouveauté est la décision de procéder à des rachats d’obligations d’entreprises, à l’instar de ce que fait déjà la BCE depuis quelques années.
En fin mois, après quelques tergiversations entre républicains et démocrates, le Congrès américain a voté un massif plan de relance, d’environ 2’000 milliards de dollars, signé dans la foulée par le président Trump. Ces 2’000 milliards viendront se rajouter à un déficit budgétaire initialement estimé à plus de 1 000 milliard pour l’exercice budgétaire américain courant. De plus, alors que l’encre de la signature, apposée sur le plan de stimulation détaillé de plus 800 pages, n’était même pas encore sèche, certains membres du Congrès ont déjà commencé à réfléchir au prochain plan de stimulation étatique.
On comprend donc bien que, au-delà du désir de stabilisation des marchés financiers, le nouveau programme de rachats d’actifs de la FED servira à monétiser ces nouveaux déficits budgétaires américains. Comparé à l’ampleur des annonces américaines, les annonces des autres États font à ce stade palle figure, mais viendront tout de même également rajouter de l’huile sur le feu de cette nouvelle orgie de dette et de monétisation qui l’accompagne. Pour le moment, peu de voix critiquent, mais on comprend bien que la situation est jugée urgente et que les risques d’inflation que cela implique à terme sont remis au second plan.
Malgré les décisions spectaculaires de soutien à l’économie et aux marchés financiers, les indices actions ont une nouvelle fois terminé dans le rouge.
Exprimé en CHF, le marché américain a baissé de 12,58%, le marché européen de 14,66%, le marché suisse de 4,86%.
Les marchés émergents, pris dans leur ensemble, ont baissé de 15,63%. Il en a résulté que les marchés actions globaux, exprimés au travers de l’indice MSCI World net, se sont contractés de 13,46%.
La relativement bonne tenue du marché suisse s’explique en grande partie par la composante pharmaceutique de son marché actions, avec notamment les deux poids lourds, Roche et Novartis, qui ont terminé ce mois de mars en hausse de respectivement 4,37% et 1,85%.
Dans ce contexte de correction généralisé des marchés actions, l’or s’est montré relativement stable, en se dépréciant de 0,31% (LBMA Gold Price en CHF). Ceci a également été le cas pour le marché obligataire, puisque l’indice des obligations internationales (indice FTSE World Government Bond) a baissé de 0,65% (en CHF). En revanche, les obligations suisses (indice SBI AAA-AA Total Return) ont chuté de 4,82%, soit quasiment autant que les actions suisses, alors même qu’elles sont censées jouer le rôle de valeur refuge. Cela n’aura clairement pas été le cas sur ce mois de mars.
L’investisseur suisse aurait donc eu tout intérêt à s’accrocher à ses Vrenelis !
Une large partie de la Planète applique désormais une forme ou une autre de limitations des mouvements de leurs citoyens. Ces mesures, plus ou moins drastiques, impactent en contrepartie le fonctionnement normal de l’économie et donc les moyens de subsistance des populations. Il est difficile à ce stade de déterminer une estimation suffisamment fine des impacts économiques à venir. Comme pour illustrer cela, les prévisions de croissance annualisée du PIB, des principaux analystes, sur le deuxième s’étalent de -9% à -40% :
Certains analystes estiment que, suite aux baisses plus ou moins importantes des différents indices, un retour en actions pourrait se justifier. Les impacts effectifs sur les entreprises et sur l’économie sont clairement une inconnue à ce jour et il nous paraît opportun de ne pas se précipiter dans ces conditions. Le risque d’un non-retour au marché est inférieur au risque d’une baisse qui se prolonge.